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L’écureuil qui fait tourner la roue croit-il qu’il avance ? | Challenge 2012
 
…cureuil roux -- Red Squirrel

L’écureuil qui fait tourner la roue croit-il qu’il avance ?

Les banques ont toujours donné des maux de têtes à nos gouvernants. En France, l’esprit public français n’est pas tourné vers la finance.

En 1519, pour ne pas remonter plus haut dans notre histoire, malgré d’importants envois d’écus d’or aux grands électeurs du Saint Empire Romain-Germanique, notre roi François 1er perdit l’élection à l’Empire contre Charles 1er d’Espagne, ultérieurement connu sous le nom de Charles Quint, qui avait signé des lettres de change payables chez Fugger, richissime banquier d’Augsbourg … « après l’élection et pourvu que soit élu Charles d’Espagne ».

En 1788, Louis XVI, dont le royaume était ruinée par une mille injustices politiques, économiques et sociales, ainsi que par le coût de l’intervention de la France dans la guerre d’indépendance américaine, fit appel pour sauver la monarchie… à un banquier suisse qui s’était  immensément enrichi pas l’exercice de son métier en France (Necker). On connaît la suite…

La Révolution avait quelques experts en banque et finances – Talleyrand, par exemple – qui préférèrent prendre le large pendant sa période paroxystique. La République s’engagea hardiment dans l’émission sans limite d’assignats et finit dans la banqueroute.

Au XIXe siècle, la France a été gouvernée par une bourgeoisie qui vivait l’œil fixé sur le cours de la rente mais l’Etat était financé par des banques puissantes dont certaine avait gagné des mille et des cents en spéculant sur l’issue de la bataille de Waterloo et qui, toutes, prélevèrent tout au long du siècle  leur dîme sur l’émission des emprunts destinées à financer le déficit public.

L’histoire financière de la Troisième République ne fut pas des plus heureuse : en 1882, faillite de la Banque de l’Union Générale, en 1889, ruine d’une première génération d’épargnants suite à la faillite de la Compagnie de Panama dont les emprunts avaient été autorisés par le Parlement, en 1917, ruine d’une autre génération d’épargnants qui avait été encouragés par le gouvernement à souscrire aux emprunts russes, en 1924, échec du Cartel des Gauches face au « mur de l’argent », etc.

En 1945, le gouvernement du Général de Gaulle, inspiré par le programme du Conseil national de la Résistance, nationalisa les principales banques françaises ; à la fin de sa vie, François Bloch-Lainé, ancien résistant et grand homme de gauche nota mélancoliquement dans ses Mémoires qu’aucun ministre de la République ne lui avait jamais expliqué ce qu’il devait faire du Crédit Lyonnais, la banque qu’il dirigea au nom de l’Etat de 1967 à 1974.

A partir de 1983, la gauche et la droite se donnèrent à nouveau la main mais cette fois, pour libéraliser le système financier français : la droite démutualisa le Crédit Agricole en 1986 et privatisa la Société Générale en 1987 tandis qu’au nom de la gauche, Pierre Bérégovoy dérégula le système financier tant et plus lors de ses passages au ministère des Finances. Ensuite, la droite et la gauche se firent à nouveau la courte échelle pour transférer à l’Europe la souveraineté monétaire nationale avec le traité de Maastricht de 1992 dans des conditions d’irresponsabilité qu’on découvre aujourd’hui avec stupeur. La quasi-faillite du Crédit Lyonnais intervint l’année suivante, en 1993 ; dans le récit qu’il en a fait, M. Jean-Yves Haberer, son président nommé par la gauche, montre fort bien comment une très grande banque nationalisée peut se perdre à se mettre au service d’une politique de coups inspirés par un Etat socialiste sans continuité ni parole. La même année, la BNP était privatisée, etc.

Aujourd’hui, la gauche hésite sur ce qu’il faut faire d’une industrie en grande difficulté : l’imposer plus ? La mettre sous tutelle ? La réglementer ? La nationaliser ? Analyse des options dans les brèves suivantes.

 

 
 

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