Les cigales et la fourmi
D’un côté, les cigales font argument de la crise, de la pression des marchés, de l’urgence – les Grec, les Espagnols, les Italiens, et les Français disent : il faut mettre en place un mécanisme de solidarité financière, et vite, sinon, nous perdrons un cran dans notre notation, la dette sera plus chère à financer, nous entrerons dans une spirale infernale et tout le système bancaire s’effondrera. Allemands, montrez-vous responsable ! Facilitez la sortie de crise en faisant fonctionner la planche à billets ! Et vite, car l’addition sera encore plus lourde demain !
Côté fourmi, on masque derrière une démarche pragmatique, progressive, en apparence un peu pataude, la fierté d’être les premiers de la classe en cohésion sociale et en politique économique. On ne refuse pas d’aider les pays de l’Union monétaire, mais pas à n’importe quelles conditions. On demande : quels efforts avez-vous faits pour redresser votre situation ? Comment allons-nous justifier auprès de nos contribuables l’effort complémentaire que nous leur demanderons de faire pour vous ? Et à la population slovaque dont le PNB par tête est plus faible que celui des Grecs, qu’allons-nous dire ? La zone euro ne peut quand même pas devenir le paradis des cyniques où les pauvres des pays riches aideront les riches des pays pauvres… à échapper à l’impôt ! Le gouvernement des fourmis renvoie les gouvernements des cigales à leur responsabilité : que faites-vous pour mériter notre aide ?
En France, un Premier ministre lucide a osé admettre au début du quinquennat que l’Etat était en ruine. Ça n’a malheureusement pas empêché M. Sarkozy d’aligner les budgets en déficit, les uns après les autres. Ça n’a pas empêché M. Sarkozy faire dire par son Premier ministre au récent congrès de l’Union Professionnelle Artisanale que le gouvernement ne remettrait en cause la TVA réduite à 5,5% ni pour les artisans du bâtiment, ni pour les restaurateurs. Bien voyons ! Et après ça, M. Sarkozy demande que Mme Merkel mette la main à la poche…
Pour sortir d’une situation économique où se combinent endettement et ralentissement économique, on sait ce qu’il faut faire : réduire les dépenses non productives et augmenter les impôts en essayent de ne pas trop affecter la demande. Réduire les dépenses non productives, en dehors d’une RGPP mal conduite, on ne voit pas ce que ce gouvernement a fait de significatif : il y manque deux choses : la méthode et le courage. Quant à augmenter les impôts en essayant de ne pas trop affecter la demande, nous sommes en compétition avec les Grecs et les Italiens pour la coupe de champion du monde de l’illusionnisme !
Il faut évidemment supprimer toutes les niches fiscales, dont l’Inspection générale des finances estiment qu’une grande partie n’a aucune efficacité économique. On nous dit qu’il y a un chien méchant dans chaque niche ! Eh bien, un peu de courage, que diable ! Un chien n’est pas un dragon ! Et si la crise est si grave que vous le dites… Décidons de supprimer toutes les niches en même temps, donnons-nous 3 ans, ou 2 ans, ou aucun délai s’il le faut, selon l’urgence ! Tout le monde criera ? Peut-être ! Et alors ? Qui s’en souviendra à l’heure du soulagement de voir la crise s’éloigner ? Pour faire bonne mesure, puisqu’il y a urgence, imposons tout de suite davantage les revenus des personnes qui épargnent le plus, c’est à dire des plus riches, sans faire d’exemption, en commençant à des niveaux raisonnables et en appliquant des taux progressif.
Qu’il faille négocier avec les Allemands, c’est évident. Il ne faut pas être candide. Chacun défend ses intérêts. Mais il faut aussi être réaliste et courageux. Aujourd’hui, la politique française est encore moins honorable que celle du gouvernement Grec qui prend des engagements en sachant qu’il ne pourra pas les tenir : on refuse même d’admettre ce qu’il faudrait faire et tout en prétendant jouer dans la cour des vertueux et des forts, on tend la sébile.
Photo par Ughy
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