Les trois vices de l’euro et son avenir
Les concepteurs de l’euro ne savaient apparemment pas que pour faire une monnaie, il faut (a) une économie homogène (b) une gouvernance économique et (c) un consensus social. Reprenons ces points qui apparaissent aujourd’hui comme les trois vices de conception de l’euro et essayons de comprendre comment nous pourrions nous en sortir.
Une base économique homogène. Les Anglais l’avaient bien vu : avant même d’avoir été contraints de sortir du système monétaire européen en 1992, ils avaient rationnalisé la bonne stratégie monétaires : le taux de change d’une monnaie doit être fixé par rapport à un panier des monnaies pondéré par la part des échanges extérieurs de l’économie qui sont réglés dans chaque monnaie ; on fait la somme des exportations et des importations dans chaque monnaie et on calcule : x% en dollars, y% en yen, z% en yuan, etc. Quand le panier applicable à l’économie d’un pays ne correspond pas au panier de l’autre, mieux vaut rester à l’écart. C’est ce qu’on voit aujourd’hui avec un euro trop fort pour le commerce extérieur français – d’où le déficit extérieur – et trop faible pour les commerce extérieur allemande – d’où leur excédent. Quant à l’économie grecque, n’en parlons pas, on ne la compare ni à celle de l’Allemagne, ni à celle de la France.
Une gouvernance économique. L’économiste Christian Saint-Etienne l’a très justement montré : après la crise, de 2007, l’Allemagne et quelques autre pays proches ont réagi en soutenant l’offre tandis que l’Europe méditerranéenne, dont la France, soutenait la demande. Le résultat, on le connaît : M. Sarkozy fait semblant d’être dans le petit nombre des Etats en mesure de sauver les pays endettés du sud de l’Europe, mais après l’Italie, on sait que c’est la France qui sera en première ligne.
Un consensus social. Pourquoi les Allemands ont-ils pu choisir une stratégie de renforcement de l’offre ? Parce qu’il y a un consensus social en Allemagne sur le primat de la lutte contre l’inflation, ainsi que sur le partage du travail et des revenus. Notez que consensus social et absence d’inflation c’est tout un : mécaniquement, l’inflation peut paraître liée à un surcroit de création monétaire par rapport à la création de richesse, mais quand on a dit ça, on n’a rien dit. Pourquoi créé-t-on trop de monnaie ? Pour éviter de faire des efforts budgétaires ou fiscaux. L’absence de consensus social français porte aussi bien sur le niveau d’inflation souhaitable, sur le refus de partager le travail (d’où la persistance de CDI, de CDD et du chômage longue durée là où les Allemands ont moins de chômage et plus de temps partiel) et les revenus (voir l’échec de la politique fiscale du gouvernement).
Avec ça, l’avenir de l’euro est assuré. Admettons qu’on arrive à un accord mercredi – il suffira de s’aligner sur la position des Allemands – aura-t-on sauvé l’euro pour autant ? Hélas non ! Parmi les chantiers de la reconstruction, on parle à satiété de constituer une gouvernance économique ; à la bonne heure. Et la base économique ? Et le consensus social ?
Curieusement, après une analyse pertinente des forces centrifuges au sein de la zone euro, Christian Saint-Etienne appelle dans un article publié par Le Monde le 21 octobre dernier, à une solution peu cohérente : la création d’une zone restreinte à huit – quatre pays autour de l’Allemagne (Pays-Bas, Autriche, Belgique et Luxembourg) et les quatre pays du sud de l’Europe (France, Italie, Espagne et Portugal) – comme si le problème des disparités de base économique et de consensus social allaient être gommées par l’élimination des pêcheurs repentis comme l’Irlande ou de pauvres traineurs de pieds comme la Slovaquie !
La meilleure chance d’éviter à la France une politique de déflation à la Laval version 1935, ce serait que l’Allemagne et ses satellites quittent l’euro par le haut, nous laissant la possibilité de faire subsister une zone euro avec l’Italie, l’Espagne et le Portugal – trois pays qui ont comme nous ont sacrifié la production à la consommation depuis de nombreuses années.
Photo par Skey
Les concepteurs de l’euro ne savaient apparemment pas que pour faire une monnaie, il faut (a) une économie homogène (b) une gouvernance économique et (c) un consensus social. Reprenons ces points qui apparaissent aujourd’hui comme les trois vices de conception de l’euro et essayons de comprendre comment nous pourrions nous en sortir.
Une base économique homogène. Les Anglais l’avaient bien vu : avant même d’avoir été contraints de sortir du système monétaire européen en 1992, ils avaient rationnalisé la bonne stratégie monétaires : le taux de change d’une monnaie doit être fixé par rapport à un panier des monnaies pondéré par la part des échanges extérieurs de l’économie qui sont réglés dans chaque monnaie ; on fait la somme des exportations et des importations dans chaque monnaie et on calcule : x% en dollars, y% en yen, z% en yuan, etc. Quand le panier applicable à l’économie d’un pays ne correspond pas au panier de l’autre, mieux vaut rester à l’écart. C’est ce qu’on voit aujourd’hui avec un euro trop fort pour le commerce extérieur français – d’où le déficit extérieur – et trop faible pour les commerce extérieur allemande – d’où leur excédent. Quant à l’économie grecque, n’en parlons pas, on ne la compare ni à celle de l’Allemagne, ni à celle de la France.
Une gouvernance économique. L’économiste Christian Saint-Etienne l’a très justement montré : après la crise, de 2007, l’Allemagne et quelques autre pays proches ont réagi en soutenant l’offre tandis que l’Europe méditerranéenne, dont la France, soutenait la demande. Le résultat, on le connaît : M. Sarkozy fait semblant d’être dans le petit nombre des Etats en mesure de sauver les pays endettés du sud de l’Europe, mais après l’Italie, on sait que c’est la France qui sera en première ligne.
Un consensus social. Pourquoi les Allemands ont-ils pu choisir une stratégie de renforcement de l’offre ? Parce qu’il y a un consensus social en Allemagne sur le primat de la lutte contre l’inflation, ainsi que sur le partage du travail et des revenus. Notez que consensus social et absence d’inflation c’est tout un : mécaniquement, l’inflation peut paraître liée à un surcroit de création monétaire par rapport à la création de richesse, mais quand on a dit ça, on n’a rien dit. Pourquoi créé-t-on trop de monnaie ? Pour éviter de faire des efforts budgétaires ou fiscaux. L’absence de consensus social français porte aussi bien sur le niveau d’inflation souhaitable, sur le refus de partager le travail (d’où la persistance de CDI, de CDD et du chômage longue durée là où les Allemands ont moins de chômage et plus de temps partiel) et les revenus (voir l’échec de la politique fiscale du gouvernement).
Avec ça, l’avenir de l’euro est assuré. Admettons qu’on arrive à un accord mercredi – il suffira de s’aligner sur la position des Allemands – aura-t-on sauvé l’euro pour autant ? Hélas non ! Parmi les chantiers de la reconstruction, on parle à satiété de constituer une gouvernance économique ; à la bonne heure. Et la base économique ? Et le consensus social ?
Curieusement, après une analyse pertinente des forces centrifuges au sein de la zone euro, Christian Saint-Etienne appelle dans un article publié par Le Monde le 21 octobre dernier, à une solution peu cohérente : la création d’une zone restreinte à huit – quatre pays autour de l’Allemagne (Pays-Bas, Autriche, Belgique et Luxembourg) et les quatre pays du sud de l’Europe (France, Italie, Espagne et Portugal) – comme si le problème des disparités de base économique et de consensus social allaient être gommées par l’élimination des pêcheurs repentis comme l’Irlande ou de pauvres traineurs de pieds comme la Slovaquie !
La meilleure chance d’éviter à la France une politique de déflation à la Laval version 1935, ce serait que l’Allemagne et ses satellites quittent l’euro par le haut, nous laissant la possibilité de faire subsister une zone euro avec l’Italie, l’Espagne et le Portugal – trois pays qui ont comme nous ont sacrifié la production à la consommation depuis de nombreuses années.
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